- Monsieur le Président de la République du Congo, cher Frère DENIS SASSOU NGUESSO ;
- Messieurs les Chefs d’État ;
- Monsieur Jean-Yves Le Drian, Ministre des Affaires Etrangères représentant le Président de la République française ;
- Distingués invités ;
- Mesdames, Messieurs.
Je tiens, avant tout propos, à exprimer à mon frère, le Président Denis Sassou Nguesso, à son gouvernement et au peuple congolais, nos sincères remerciements et nos vives félicitations pour l’accueil hautement fraternel et les excellentes dispositions prises pour la bonne organisation de cette rencontre en dépit des contingences liées à la COVID-19.
Je me félicite de la tenue de cet évènement de portée historique et salue la forte participation des invités à cette cérémonie commémorative.
Distingués invités ;
Mesdames, Messieurs
Notre présence aujourd’hui à Brazzaville, capitale de la France libre, malgré les restrictions liées à la ravageuse pandémie est le signe patent de toute la prégnance que nous accordons au devoir de mémoire qui est un impératif pour tous.
En effet, comment oublier cette page d’histoire de courage, de témérité et de solidarité humaine que des dignes fils d’Afrique ont écrite, avec une plume, toute trempée de sang et de sueur.
Je saisis cette occasion pour rendre les hommages éternels, au nom du peuple tchadien, à tous ces anonymes et valeureux fils du continent qui ont sacrifié leur vie pour l’avènement de la France libre.
Excellences,
Mesdames, Messieurs
En commémorant cet évènement de considérable portée, nous célébrons une histoire partagée. C’est pourquoi, je ne peux rendre hommage aux africains pour leur sublime épopée sans saluer la mémoire de cet homme qui a su poser à Brazzaville en 1944, au-delà des controverses historiques, les prémices de la décolonisation.
Bien plus, il a su tracer les sillons d’une coopération dynamique entre les pays de l’Afrique francophone et la France. Je veux, bien sûr, nommer le Général de Gaulle.
Cette histoire commune qui nous rassemble aujourd’hui dans cette cité que de Gaulle lui-même appelait à juste raison « le refuge de honneur et de l’indépendance » de la France doit éveiller ce sentiment que le destin de la France et des pays d’Afrique francophone est intimement lié.
Cette communauté de destin ne doit ni s’éroder, ni perdre son suc. Sa sève qui se régénère sans cesse doit continuer à nourrir les relations entre nos deux parties.
La route des temps nouveaux, pour reprendre encore les propos de Général de Gaulle doit toujours être rectiligne et nous n’avons aucunement le droit de réorienter la trajectoire.
La route des temps nouveaux, ce sont les acquis de cette indépendance que l’on doit jalousement préserver. Car, c’est bien l’indépendance qui a fait éclore le génie de nos peuples et libérer leurs forces émancipatrices.
La route des temps nouveaux, c’est la paix, la sécurité et la stabilité qui doivent être nos préoccupations de tous les instants car ce sont ces valeurs qui conditionnent le développement économique et la prospérité sociale.
Distingués invités ;
Mesdames, Messieurs
En parlant de sécurité et de stabilité, je voudrais insister sur la question du terrorisme qui est l’expression la plus achevée de l’obscurantisme. Aujourd’hui, la situation sécuritaire dans de nombreux pays d’Afrique francophone notamment le Sahel demeure plus que jamais préoccupante.
L’insécurité et l’instabilité, dues essentiellement à la persistance des attaques terroristes, ne cessent de prendre de l’ampleur jusque là insoupçonnée. Mener une lutte contre le terrorisme, dans cette vaste étendue du Sahel est un défi majeur à relever.
Il est donc urgent de mettre l’accent sur une conjugaison d’efforts et des moyens entre nos États et la France en intégrant les variables liés à nos avantages comparatifs.
La force de l’histoire commune et de cette relation séculaire doit pleinement se manifester sur le terrain. Le fer que nous avons porté ensemble, hier, contre l’ennemi de la France, à savoir le nazisme, doit aujourd’hui, être solidement dressé contre l’ennemi du monde libre et de la civilisation. C’est à ce prix que l’on donnera sens à ces liens historiques dont on ne cesse de vanter les vertus et le mérite.
Du haut de cette tribune, je réitère l’engagement inébranlable de mon pays à toujours s’investir pour vaincre le péril terroriste.
C’est une noble guerre qui mérite d’être menée car il s’agit incontestablement de l’avenir de nos pays et de nos peuples sinon simplement des conditions de l’homme, de sa liberté et de sa dignité.
Distingués invités ;
Mesdames, Messieurs
Si l’histoire commune nous contraint à plus de cohésion et d’action commune contre le terrorisme, nous ne devons pas perdre de vue une autre adversité tout aussi préoccupante à savoir la pauvreté.
D’ailleurs, comme je ne cesse de le dire, la pauvreté est le ferment qui alimente le terreau du terrorisme et de la radicalisation violente. C’est pourquoi, nous devons, dans le cadre de notre partenariat, inscrire la question du développement au premier plan.
Nous ne devons pas perdre de vue que la question en lien avec le développement et les conditions sociales a été l’une des recommandations majeures de la conférence de Brazzaville.
Si 80 ans après, les engagements n’ont pas été tenus en dépit des promesses maintes fois réaffirmées, il y a lieu de se livrer à une introspection critique.
J’estime très fermement que nous devons ensemble faire plus et faire mieux dans le cadre du développement solidaire en mettant un point d’honneur sur la multiplication des investissements productifs et la création de richesses.
Au regard de belles perspectives économiques de la France et des pays africains, j’en appelle à un véritable partenariat, mutuellement avantageux, fondé sur le respect mutuel, la complémentarité et la solidarité.
Et il s’agit d’une réelle urgence car je suis convaincu que l’avenir de l’Afrique, c’est aussi l’avenir de la France.
Excellence ;
Mesdames, Messieurs
Permettez-moi, à la faveur de cet événement du souvenir, d’évoquer une préoccupation qui nous tient à coeur tant il est question de devoir de mémoire. Nous déplorons tous le fait que l’histoire africaine de la France libre soit toujours occultée et mise sous le boisseau de la résistance intérieure.
Même s’il manque d’écrits objectifs sur notre participation aux campagnes de la deuxième guerre mondiale, nous connaissons le sacrifice immense de l’Afrique et le lourd tribut payé pour la libération de la France.
Nous savons tous que, ce sont des batailles homériques, que les hommes partis du Tchad ont livrées à Koufra et à Bir-Hakeim, au Sud de la Lybie, ouvrant, en partie, la voie à la libération.
Il n’est pas concevable que l’image du soldat tchadien ou centrafricain soit effacée de la mémoire collective et qu’aucune stèle mémorielle digne de ce nom ne soit érigée en France pour immortaliser cet acte exemplaire de solidarité humaine marquée du sceau de sacrifices immenses et d’indicibles souffrances.
Oui, le poids réel de l’Afrique dans la libération de la France, tant ce qui concerne la participation sur le théâtre des opérations que la contribution à l’effort de guerre, doit être connu.
Mieux, cette décisive participation durement éprouvée doit être revisitée et insérée dans les programmes d’histoire car la vérité et la justice, c’est aussi cela l’exigence de la mémoire partagée.
J’ose espérer qu’à la prochaine célébration de l’histoire commune, notre appel aura sa matérialisation concrète car la mémoire africaine de la France libre doit résister au temps.
Sur ce, je souhaite à toutes et tous une bonne commémoration des 80 ans de l’appel de Brazza.
Je vous remercie.
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