–    Monsieur GIUSSEPE CONTE,  Président du Conseil des Ministres ;
 
–    Mesdames, Messieurs les Chefs de délégation ;
 
–    Mesdames, Messieurs les Ministres ;
 
–    Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des Organisations internationales ;
 
–    Distingués invités ;
 

–    Mesdames, Messieurs

Je voudrais, tout d’abord, adresser mes sincères remerciements au Gouvernement Italien de m’avoir invité à cette 5ème édition de « Dialogues méditerranéens », ainsi que pour l’accueil chaleureux et les marques d’attention dont nous faisons l’objet depuis notre arrivée.

Aussi, voudrais-je me féliciter de la tenue de cette rencontre de grande portée politique, dont l’importance et l’acuité des sujets inscrits à son ordre du jour, justifient la présence de mon pays le Tchad, loin de la Méditerranée. Il convient tout de même de rappeler à juste titre qu’une grande partie de la Méditerranée est aussi africaine.

Je salue à cet égard, la pertinence des thèmes retenus dans le cadre de la présente rencontre, à savoir la prospérité commune, la sécurité commune, la migration et la culture en relation avec le tissu social.

 

Monsieur le Président,
 

Mesdames, Messieurs

Nos sociétés de plus en plus interconnectées grâce au développement de nouvelles technologies et de la révolution des  moyens de transport, font de plus en plus face à des défis transnationaux difficiles à gérer au niveau d’un pays ou d’une région.

L’occasion qui m’est offerte me semble toute indiquée pour vous entretenir sur un certain nombre des défis auxquels, le Tchad mon pays et le Sahel tout entier, font face. Ces défis sont tous connus et dont la plupart ont des conséquences débordant l’espace sahélien. Il s’agit, entre autres, des crises et conflits persistants, de la pauvreté, du terrorisme, de la criminalité transnationale organisée, du changement climatique, des mouvements migratoires à grandes échelles pour ne citer que ceux-là.

Aspirer à la prospérité commune suppose que les conditions minimales d’un développement socio-économique soient réunies. Et le développement lui-même est tributaire de la paix et de la stabilité. C’est pourquoi, nous n’avions ménagé aucun effort pour contribuer à la résolution de différentes crises dans notre voisinage, notamment en République Centrafricaine, au Soudan et en Libye.

Il est de notre devoir, en tant que voisin, de contribuer à éteindre ces foyers de tension, car les conséquences en termes d’accueil des réfugiés, de rupture des circuits commerciaux, de menace à la sécurité, de pression sur les ressources naturelles et de perte des débouchés économiques, sont incalculables.

Malheureusement, la persistance de ces crises et l’expansion du terrorisme ont plongé le Tchad et l’ensemble du Sahel dans une insécurité généralisée dont les conséquences sont aujourd’hui ressenties bien au-delà du Continent africain.

Les menaces d’envergure qui persistent et se renforcent au Sahel, appellent à une coopération régionale et internationale plus réactive et mieux soutenue prenant en compte le caractère transversal du danger qui n’épargnera ni la Méditerranée, ni l’Europe, moins encore le reste du monde.

A cet égard, je dois relever pour le regretter, que lorsque des initiatives sont prises, ici et là, par les différents partenaires du Sahel, sans nous impliquer, cela peut entraîner des situations chaotiques, comme malheureusement  c’est le cas en Libye.

Depuis le déclenchement de la crise libyenne et ses graves conséquences sur le Sahel, notamment l’expansion du terrorisme,  le Tchad a payé et continue de payer un lourd tribut dans la lutte contre ce fléau. Au-delà des centaines des soldats tombés sur les différents fronts, hors de notre territoire national, nous consacrons plus de 32% de notre maigre budget à l’effort sécuritaire.

Au plan sous régional, dans la limite de nos moyens, tous les pays du Bassin du Lac-Tchad et du Sahel, nous nous sommes mobilisés, avec beaucoup de détermination, en mettant en place la Force multinationale mixte dans le cadre du bassin du Lac Tchad, et la force conjointe du G-5 dans le cadre du Sahel.

Nos appels à l’endroit de la communauté internationale relatifs à l’obtention d’un financement pérenne à la force du G-5 Sahel sont demeurés sans suite, et les multiples promesses faites ici et là dans le cadre des conférences internationales de mobilisation des fonds, n’ont jamais été tenues.

Puisque les conséquences du terrorisme sont bien ressenties ici en Europe et bien au-delà, nous pensons qu’il y’a lieu de revoir l’ensemble de la stratégie de lutte déployée à ce jour contre ce fléau au Sahel, en reconnaissant le leadership des pays concernés à travers un appui conséquent de leurs efforts  multiformes.

Si les ressources pérennes nécessaires à l’engagement des troupes sont mobilisées, nos pays peuvent bien se passer de toute forme de parrainage ou des directives, qui conduisent souvent à des complications qu’à des solutions.

Je saisis donc cette occasion pour réitérer un vibrant appel à l’endroit de tous nos partenaires, sans distinction aucune, de nous appuyer plutôt que de nous orienter dans ce que nous devons faire tant en matière de sécurité, que sur le plan de développement. Nous connaissons mieux que quiconque, nos réalités et nos besoins pour agir en conséquence contre les menaces qui pèsent sur notre espace.

Il convient également de rappeler que le soutien de la communauté internationale, ne saurait suffire à lui seul pour relever tous nos défis, ni éluder notre propre responsabilité dont nous sommes pleinement conscients.

Au-delà des efforts propres de chacun de nos États, et de la mise en commun de nos moyens dans le cadre des forces conjointes, l’engagement pris par les États membres de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour mobiliser un milliard de dollars, lors de leur Sommet tenu le 14 septembre dernier à Ouagadougou, sont des éléments tangibles d’un engagement individuel et collectif fort.

Dans cette optique, il nous paraît indispensable d’envisager un nouveau cadre de dialogue entre le Sahel et tous ses partenaires, en particulier avec l’Europe et les pays membres du pourtours méditerranéen, pour explorer de nouvelles formes d’un partenariat véritablement agissant et mutuellement bénéfique. Personne n’est mieux placé que nous-mêmes pour évaluer nos besoins et attaquer le mal à la racine.

Monsieur le Président,
 

Mesdames, Messieurs

Comme vous le savez, il y’a un lien direct entre le développement du terrorisme au Sahel et la crise libyenne dont les conséquences sur cette région sont plus que dramatiques.

Sans risque de me tromper, je tiens à rappeler que la bataille contre le terrorisme au Sahel passe forcément par le règlement de la crise libyenne. Le chaos installé et entretenu dans ce pays, a été et demeure la principale source de déstabilisation de l’ensemble du Sahel. Par conséquent, la lutte contre le terrorisme au Sahel doit s’accompagner des efforts intenses  visant à mettre un terme à cette grave crise, qui n’a que trop duré.

 

Nous devons tous, sans calcul, ni agenda, œuvrer en faveur d’un dialogue global et inclusif rassemblant tous les Libyens. Dans cette œuvre collective salutaire, aucun effort n’est de trop.
 

C’est pourquoi, nous plaidons pour une synergie d’initiatives de tous les facilitateurs, avec un accent particulier sur le rôle de l’Union Africaine. La violence n’est pas une option de sortie de crise. Pour mettre un terme à cette violence, il faut que les différents agendas extérieurs sur la Libye, nombreux et contradictoires, laissent les Libyens se parler entre eux pour une sortie de crise rapide.

La tragédie que vit le peuple frère libyen est inadmissible, et les contrecoups de cette crise que nous subissons en tant que pays voisins, ne sont non plus supportables.

A cet égard, je salue l’organisation, en marge du présent forum, d’une réunion ministérielle sur la Libye. Étant donné que la clé de la solution à cette crise se trouve d’abord et avant tout entre les mains des Libyens eux-mêmes, je leur lance un appel fraternel à une prise de conscience collective pour mettre un terme à leur autodestruction.

 

Le Tchad, comme par le passé, est disposé à apporter sa modeste contribution au processus de dialogue inter-libyen en vue d’une paix durable dans ce pays frère.
 
Monsieur le Président,
 

Mesdames, Messieurs,

 

Le sous-développement et son corollaire la pauvreté favorisent la propagation des idéologies obscurantistes. D’où la nécessité d’intégrer à la stratégie de lutte contre le terrorisme en Afrique le levier économique en mettant l’accent sur des investissements massifs et ciblés dans des secteurs susceptibles d’offrir d’emplois à la jeunesse.
 
Dans cette perspective, il est important de souligner l’urgence de la mise en œuvre des engagements pris lors du Sommet Afrique-Union Européenne, tenu en novembre 2017 à Abidjan, relatifs à la mobilisation des ressources publiques et privées pour investir au Sahel et dans toute l’Afrique.
 
Des investissements importants dans les secteurs à valeur ajoutée ayant un potentiel plus élevé de création d’emplois comme l’agriculture, l’agro-industrie, la fabrication, l’énergie, l’industrie numérique et les infrastructures, favorisent un développement économique harmonieux, soutenu par une croissance durable et inclusive axée sur la transformation structurelle de l’Afrique.
 
L’accroissement du soutien aux investissements dans les secteurs précités fera des jeunes africains un véritable moteur du développement du Continent.
 
Cela contribuera également à réduire les flux migratoires, car personne ne veut vivre ailleurs que chez soi si les conditions minimales d’une vie décente sont réunies.
 
 Et il n’est pas superflu de rappeler que l’Afrique est le Continent de l’avenir au regard de ses immenses potentialités économiques. A ce titre, je ne serais surpris que l’Afrique devienne la future destination des flux migratoires.
 
Alors, pensons dès à présent à une prospérité partagée avec l’Afrique et faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour relever ensemble les multiples défis transnationaux qui mettent en péril notre avenir commun.
 
Je vous remercie de votre aimable attention.

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