Messieurs les Co-présidents,

Mesdames, Messieurs les Chefs d’États

Je voudrais d’abord exprimer mes sincères remerciements au Royaume de Belgique et à l’Union Européenne pour la parfaite organisation de ces assises.

Mesdames Messieurs,

Distingués participants,

La sécurité de l’Afrique et celle de l’Europe sont étroitement liées compte tenu de leur proximité géographique et des liens humains, économiques et culturels multiformes qu’elles partagent depuis des siècles.

Les défis du maintien de la paix et de la sécurité sont communs à nos deux continents. L’Union Européenne reste le principal partenaire de l’Afrique dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et du maintien de la paix. Malgré nos efforts conjugués, très louables dans ces domaines, le nombre et l’intensité des conflits ont augmenté en Afrique au cours de la dernière décennie.

En effet, les bouleversements socio politiques, consécutifs à de problèmes de gouvernance, la pauvreté et les  changements climatiques auxquels s’est ajoutée la pandémie de la COVID-19, ont aggravé davantage les conflits et les troubles intercommunautaires, entraînant entre autres, des crises humanitaires sans précédent.

Ces phénomènes ont dans une large mesure constitué un terreau fertile pour le terrorisme et son expansion à l’intérieur de notre continent. Cette menace  n’épargne aujourd’hui aucune région du continent entraînant la désorganisation des structures sociales, une instabilité politique récurrente qui elle-même fragilise nos États et les expose à des facteurs d’instabilité et de déstabilisation.

Mon pays, le Tchad, a payé et paie encore un lourd tribut à la lutte contre le terrorisme avec son engagement sur plusieurs théâtres d’opérations, notamment dans le bassin du Lac-Tchad contre Boko Haram et au Sahel.

Les groupes terroristes et les réseaux criminels des trafiquants, bien organisés et puissamment armés, menacent dangereusement notre existence dans ces deux espaces. Ils hypothèquent aussi notre développement en nous obligeant à consacrer l’essentiel de nos maigres ressources financières à l’effort sécuritaire.

Devant cette menace qui transcende les frontières et met à rude épreuve nos capacités individuelles et collectives de riposte, depuis quelques années, nous devons nous interroger sur la pertinence et l’efficacité de nos stratégies et mécanismes de coordination et d’action.

Dans cette optique, il nous paraît urgent de procéder à une évaluation profonde de l’ensemble des dispositifs en place au Sahel et dans le bassin du Lac-Tchad en vue de trouver les voies et moyens les plus efficaces pour relever les défis liés aux menaces transnationales complexes et multiformes de l’heure.

Il est évident que nous avons besoin d’une nouvelle approche plus pragmatique de coordination et d’interaction, avec une définition plus précise des rôles de différents acteurs, tant dans le cadre de différentes forces présentes sur le terrain, que dans celui de coopération entre les États affectés individuellement pris, et entre ces derniers et la communauté internationale.

Par ailleurs, cette nouvelle approche doit intégrer les dimensions liées au développement économique, aux changements climatiques, à l’éducation de la jeunesse et à l’accès aux services sociaux de base. La seule réponse sécuritaire a montré ses limites.

Mesdames Messieurs,

Distingués participants,

Notre combat contre le terrorisme n’est jamais gagné sans le règlement de la crise libyenne. C’est bien la crise dans ce pays qui a été le facteur déclencheur de la déstabilisation généralisée du Sahel. Et le Sud de la Libye sert, depuis 2011, de lieu de refuge aux mercenaires et djihadistes de tous bords. Faut-il le rappeler, le déferlement, en avril dernier, de ces mercenaires lourdement armés sur le Tchad avait entraîné disparition tragique du Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno.

Le vide survenu à la tête de l’État au lendemain de cette disparition a plongé le Tchad dans une période de Transition de 18 mois.

Face au risque réel de chaos et devant le refus du Président de l’Assemblée Nationale d’assumer ses charges constitutionnelles, l’Armée Nationale Tchadienne a dû prendre ses responsabilités en mettant en place un Conseil Militaire de Transition (CMT), afin de contenir l’offensive des assaillants sur la capitale, préserver l’intégrité territoriale et assurer la continuité de l’État. Il s’agit d’une situation inédite dont la spécificité n’a échappé à personne.

Face à l’urgence d’un retour à l’ordre constitutionnel, une Charte de Transition a été promulguée et un Gouvernement de large ouverture dirigé par un Premier ministre civil et comprenant la majeure partie des sensibilités politiques et de la société civile, ainsi qu’un Conseil National de Transition (CNT), organe législatif provisoire, représentant toutes les couches sociales et les sensibilités politiques, ont été mis en place.

Le Gouvernement de transition s’est doté d’une feuille de route qui prévoit, entre autres, la tenue d’un Dialogue National Inclusif et Souverain, l’adoption par référendum d’une nouvelle Constitution et l’organisation d’élections présidentielle et législatives libres, transparentes et crédibles.

D’ores et déjà des dispositions sont prises afin de faciliter la participation des groupes armés à ce Dialogue National Inclusif à travers un Pré-dialogue qui va avoir lieu bientôt à Doha. C’est ainsi qu’une loi d’amnistie a été promulguée et a permis à nombre d’exilés politiques de regagner leur pays.

Les avancées enregistrées dans l’évolution de la transition sont aujourd’hui saluées par tous, y compris par nos partenaires dont l’Union Européenne.

Pour la réussite de la transition, les autorités tchadiennes ne ménagent aucun effort en engageant tous les moyens disponibles. Cependant, la mise en œuvre optimale de cette feuille de route reste un défi majeur notamment sur le plan financier que le Tchad seul ne peut relever.

Je tiens à saluer l’engagement très fort de tous nos partenaires à nous accompagner à réussir la transition. Je voudrais saisir cette occasion pour exprimer toute notre reconnaissance et tous nos remerciements à ceux d’entre eux qui nous ont déjà apporté leur appui. Le Tchad compte aujourd’hui plus qu’hier sur ses partenaires notamment l’Union Africaine et l’Union Européenne afin de conduire la Transition à son terme.

Avant de finir mon propos, je voudrais enfin rappeler que la réussite de la Transition offre des perspectives d’une paix durable et un gage de stabilité non seulement pour le Tchad, mais également aux pays de la région et même au-delà.

Je vous remercie.

Source: https://presidence.td/6eme-sommet-ua-ue-mot-du-pcmt-a-la-table-ronde-sur-la-paix-securite-et-gouvernance/

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