Discours inaugural de Son Excellence Madame  Ammo Aziza BAROUD, Ambassadeur du Tchad auprès du Royaume de Belgique et Présidente du Comité des Ambassadeurs du Groupe des Etats de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), prononcé à l’occasion de la 913ème réunion dudit comité.

Notre planète se réveille tous les jours avec un corollaire événements plus ou moins tragiques allant des catastrophes naturelles aux conflits armés et les accidents.  C’est ainsi que la Tanzanie a été frappée le 19 septembre dernier par une catastrophe sur le Lac Victoria où un ferry a sombré dans les eaux en faisant 224 morts.

Les Hautes Autorités du pays ont décrété un deuil national de 4 jours. Des messages de condoléances et de sympathie ont afflué de par le monde.

En outre, depuis la dernière réunion ordinaire du Comité des ambassadeurs, nous avons été informés du décès d’un certain nombre d’éminentes personnalités ACP, à savoir, S.E. Mr Kofi Annan du Ghana, ancien Secrétaire général de l’ONU, Madame Zondeni Veronica Sebukwe, épouse de M. Robert Sobukwe, leader du Congrès Pan Africain et Madame Edna MOLEWA, Ministre des Affaires environnementales d’Afrique du Sud.

Le Groupe des Etats ACP présente ses plus sincères condoléances aux Gouvernements et aux peuples concernés et leur donne l’assurance de son soutien et sa solidarité face à ces épreuves

J’invite à présent le Comité des ambassadeurs à observer une minute de silence à la mémoire des disparus.

Nous revenons maintenant au sujet qui occupera la majeure partie de nos discussions ces derniers mois de 2018 ainsi que l’année 2019, à savoir: l’après Cotonou.

En effet, ce mois a vu des activités qu’il convient de mentionner ici :

1       Rencontre informelle du Bureau, du Groupe Central de Négociation (GCN), des Equipes Techniques de Négociation  (ETN) avec l’équipe de l’Union Européenne (UE) en charge des négociations ;

  1. La participation du Groupe ACP représenté par la Présidente du Comité des ambassadeurs à la Conférence organisée conjointement par la Fondation Konrad Adenauer et l’Académie Politique de Vienne à l’initiative de la Présidence autrichienne de l’UE;

3. L’organisation et la tenue le 23 septembre dernier, d’une réunion Ministérielle du GCN à New York, qui sera suivie très certainement par l’ouverture officielle des négociations qui lieront le sort de plus de 1 milliard de personnes sur cette planète, dont le défi énorme concerne notre jeunesse.

  1. Sans vouloir anticiper sur les résultats des discussions que je présume déjà positifs, je voudrais me permettre d’interpeller l’attention de tous sur le fait que les mois à venir ne seront pas de tout repos et que, en plus de nos activités respectives classiques, ces négociations constitueront le vecteur central de convergence de nos énergies.

2000 et 2020 ne sont pas seulement séparés par 20 années, mais par une multitude de changements, de mutations, de menaces venant de tous les horizons et la cadence va en s’accélérant. Le multilatéralisme est menacé de toutes parts, nos partenaires d’hier, s’ils portent les mêmes noms ne sont plus les mêmes ni en pensées ni en termes de génération. Tout ceci doit être pris en considération en sus du fait que nous sommes étranglés, pour la plupart de nos Etats, par une croissance de population galopante face à laquelle pour le moment il n’y a que des balbutiements de solutions. Si d’un côté le changement climatique se traduit par la sécheresse, le déplacement de populations et des tensions croissantes sur le partage des ressources, ailleurs c’est l’existence même des territoires et des hommes qui est hypothéquée par les typhons, ouragans et autres tremblements de terre. Les fonds marins qui des siècles durant ont été la source de vie de certaines contrées se transforment parfois en danger réel charriant ordures et autres mollusques et algues destructrices.

Notre mission est de tenir compte de tous ces facteurs en gardant à l’esprit que ce nouvel accord en gestation sera le premier où tous les Etats ACP ont réclamé davantage d’équité et bien plus de considérations aux spécificités régionales. C’est dire que la tâche sera différente et qu’un besoin d’expertise, de données statistiques et de décisions politiques courageuses seront nécessaires.

Note agenda des négociations sera très certainement confronté à des impératifs de temps étant entendu que des élections importantes seront organisées par la partie européenne presque dans les mêmes périodes. Nous ne devons ni nous précipiter ni nous imposer une pression qui nous interpellera plus tard. Ceci étant dit, c’est bien plus l’organisation de notre calendrier, notre stratégie de travail, notre approche et notre solidarité qui feront la différence.

Aussi, la mise en cohérence de nos travaux, la régularité de nos échanges, la disponibilité de tout un chacun au-delà des mandats nous liants de façon formelle, seront notre force principale pour mener à bien notre mission.

Mon mandat commencé officiellement le 1er Août, me parait très court compte tenu des vacances estivales et hivernales qui empiètent sur cette période déjà courte face aux défis en jeu. C’est la raison pour laquelle, je concentrerai mes efforts, nos efforts, à faire en sorte que le démarrage des négociations soit ancré sur des bases solides, car, c’est à cette seule condition que nous pourrons espérer un résultat à l’aune de nos attentes. Les contacts directs que j’ai pu organiser durant le mois d’août et septembre avec tous les acteurs disponibles m’ont édifiée sur la vision des uns et des autres ainsi que leur disponibilité, sans oublier la machine ACP sur laquelle repose tout notre travail. C’est le lieu de leur exprimer toute ma gratitude.

Permettez-moi à ce niveau d’exprimer un peu mon inquiétude sur les retards pris dans les réformes importantes qui vont de la révision de l’Accord de Georgetown aux aspects liés au personnel; les règles écrites sont rares et peu ou prou appliquées, créant parfois des situations qui interpellent notre bon sens à tous. Le facteur communication fait partie des aspects stratégiques pour la bonne marche d’une institution comme la nôtre ; ici également la chaîne de communication doit absolument être soudée et remise en état afin de booster nos travaux.

Tous ces dossiers toujours en instance doivent être remis à l’ordre du jour de sorte qu’à la conclusion d’un nouvel accord dans une quinzaine de mois, nous soyons en mesure ne nous appuyer sur un instrument rafraîchi, dynamique et fonctionnel : la réforme des ACP est lancée.

Aussi, il me semble opportun que compte tenu du temps limité et de la nécessité de tout mettre en œuvre afin d’amorcer un bon démarrage des négociations, un accent particulier soit mis sur les questions organisationnelles de notre institution aux fins de tracer une voie permettant à la prochaine présidence de continuer certaines réformes et d’en finaliser d’autres.

Je souhaiterais à cet égard introduire quelques propositions :

  1. La préparation d’un manuel à l’intention des nouveaux ambassadeurs ainsi qu’un manuel destiné au Président du Comité des ambassadeurs ;

2.La nécessité de laisser 5 jours au moins entre la réunion du Bureau et du Comité des ambassadeurs. L’idée est de donner le temps aux régions de discuter des sujets avant la réunion du Comité et de venir avec une position régionale ;

3.L’opportunité d’impliquer davantage les coordonnateurs régionaux dans les discussions du Comité des ambassadeurs et même de veiller à la prise en compte des positions régionales au sein du GCN et des ETN et d’autres instances ad hoc le cas échéant.

4.Enfin, pour améliorer le suivi de nos décisions et recommandations, il sera plus indiqué de présenter les Questions découlant sous forme de matrice.

En espérant que ces améliorations proposées rencontreront votre assentiment, permettez-moi de vous livrer un petit message simple et court : la génération de nos enfants et petits-enfants nous observent avec tant d’espoir, le monde nous jugera. Mettons ensemble tout ce que nous avons comme énergie, bonne volonté, solidarité pour écarter toute ombre d’un regret plus tard.

Et je manquerai à mon devoir si je ne vous apportais pas les assurances de mon pays et ceux de la sous-région que je représente, de ne ménager aucun effort pour contribuer amplement et autant que nécessaire à la réalisation des objectifs de notre Groupe. Je m’y engage personnellement.

Pour conclure, mes remerciements vont à tous ceux qui ont de loin ou de près contribué à me faciliter la tâche. Je ne voudrais pas citer des noms mais ils et elles se reconnaitront dans ce petit clin d’œil et je compte user sans trop abuser de la disponibilité de tout un chacun pour la réussite de la Présidence Tchadienne.

Dieu est notre Guide.

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