–    Monsieur le Président de l’Assemblée Générale ;
–    Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Délégation ;
–    Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies ;
–    Distingués invités ;

–    Mesdames, Messieurs.

Avant tout propos, au nom de ma délégation et au mien propre, je tiens à adresser mes chaleureuses félicitations à son Excellence Monsieur TIDJANI MUHAMMAD-BANDE, Représentant Permanent de la République fédérale du Nigeria auprès de l’ONU, pour sa brillante élection à la présidence de la 74ème  Session de l’Assemblée Générale.

Je lui souhaite plein succès dans sa mission, et l’assure du soutien de la délégation tchadienne tout au long de son mandat.
 
Je tiens également à adresser nos sincères remerciements et nos vives félicitations, à son Excellence  Madame Maria FERNANDA Espinosa,   Présidente sortante de l’Assemblée Générale pour l’excellent travail abattu au cours de son mandat, et la marque d’attention accordée aux pays du bassin du Lac-Tchad, dont le mien, en y effectuant une visite de terrain en mai 2018.
 
Qu’il me soit aussi permis d’exprimer ma très haute appréciation et mon soutien total à son Excellence Monsieur le Secrétaire Général, Antonio Gutteres, pour son leadership et  son engagement en faveur d’une redynamisation du rôle de l’ONU pour mieux répondre aux énormes attentes de tous les peuples, à travers une forte implication des organisations régionales. Le Tchad salue à cet égard le partenariat exemplaire qui se développe entre les Nations Unis et l’Union Africaine.
 
Excellences ;
 

Mesdames, Messieurs,

Le thème retenu pour la présente session de l’Assemblée Générale, à savoir  « Dynamiser  les efforts faits au niveau multilatéral en faveur de l’élimination de la pauvreté,  d’une éducation de qualité, de l’action climatique et de l’inclusion », vient à point nommé pour évaluer les progrès enregistrés dans  la mise en œuvre de quelques-uns de nos engagements pris dans le cadre de l’Agenda 2030.
 
Ce thème dont je salue la pertinence, souligne à la fois la faiblesse des efforts consentis face aux défis socio-économiques et environnementaux partagés, et l’urgence d’une mobilisation plus accrue de la communauté internationale, afin de réaliser, conformément aux engagements pris dans le cadre de l’Agenda 2030, les objectifs majeurs du développement durable.
 
Il s’agit notamment de l’éradication de l’extrême pauvreté, de l’accès à une éducation de qualité, de la lutte contre les changements climatiques et de la réduction des inégalités.
 
Nous notons avec regret que la ferveur ayant prévalu au moment de l’adoption de l’Agenda 2030, en septembre 2015, n’a pas été suivie de résultats probants par rapport aux engagements pris. Pourtant, ledit Agenda a été un document consensuel ayant concilié les préoccupations et positions de toutes les parties prenantes.
 
Faute d’une action vigoureuse et des ressources prévues non mobilisées, notre rêve commun de bâtir un monde stable et paisible où doivent s’épanouir l’ensemble de nos peuples, est en train de céder le pas à l’angoisse et  à l’incertitude. Car la question de la pauvreté est étroitement liée à celle des crises et des conflits, des migrations et du dérèglement  climatique.
 
Excellences ;
 

Mesdames, Messieurs,

L’élimination de l’extrême pauvreté occupe la première place parmi les 17 objectifs du développement durable adoptés, et cela traduit l’importance capitale que revêt sa mise en œuvre. La lutte collective à mener contre la pauvreté passe par le respect des engagements pris dans le cadre de cet Agenda en termes d’actions concrètes à poser. Les ressources à mobiliser à cet effet sont bien à la portée de la communauté internationale, pourvu qu’elle fasse preuve de volonté et de détermination.
 
L’absence des avancées sur tous les plans est plus que préoccupante, alors que nos attentes en matière développement sont plus que pressantes. Comment peut-on prétendre combattre la pauvreté si les engagements pris à cet effet  dans le cadre du Plan d’Action d’Addis-Abeba ne dépassent jamais le stade des promesses ?
 
Il me paraît urgent que certaines de nos principales préoccupations retiennent notre attention collective, notamment en ce qui concerne l’industrialisation indispensable à la transformation de nos immenses ressources naturelles sur place, la diversification de nos économies, la lutte contre les flux illicites des capitaux drainant d’importantes ressources hors de nos pays, l’accès aux marchés, la mise en place des fonds d’innovations pour supporter la phase de développement et de commercialisation de la technologie, et la réforme des institutions financières internationales pour prendre en compte la participation effective des pays africains dans la prise des décisions les concernant.
 
Excellences ;
 

Mesdames, Messieurs,

L’absence des résultats tangibles par rapport aux engagements   contactés  touche également la lutte contre les changements climatiques, malgré l’immense espoir suscité par l’accord historique de Paris sur le climat.
 
Les graves conséquences des changements climatiques se font sentir, plus que partout ailleurs en Afrique, et en particulier au Sahel, comme le prouvent l’avancée du désert, l’assèchement et l’ensablement des cours d’eau comme le Lac Tchad et le fleuve Niger, la déforestation accentuée, la dégradation des sols, etc.
 
Par ses effets pervers, le dérèglement climatique  exacerbe aussi les crises et conflits autour des ressources naturelles, provoque l’insécurité alimentaire, les exodes massifs des populations, rend aléatoire l’accès aux services sociaux de base, et accentue la pauvreté au point de pousser les jeunes chômeurs à tomber dans les bras des groupes terroristes.
 
Face à cette grave menace, le Tchad joint sa voix à celles de nombreux autres pays, pour réitérer son vibrant appel, à une réduction substantielle des émissions du gaz à effet de serre et au renforcement de la résilience aux changements climatiques.
 
L’accord de Paris sur le climat n’est crédible que s’il s’accompagne des actions concrètes tendant à respecter les engagements pris par toutes les parties selon le principe de la responsabilité commune mais différenciée.
 
Je tiens à souligner surtout l’impérieuse nécessité de tenir l’engagement pris par les pays développés pour mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour répondre aux besoins des pays en développement en matière d’atténuation et d’adaptation. La pleine opérationnalisation du Fonds vert est à cet égard d’une extrême urgence.
 
Excellences ;
 

Mesdames, Messieurs,

L’accès de nos enfants à une éducation de qualité est un levier de premier plan pour une lutte durable contre la pauvreté et les changements climatiques.
 
L’éducation de qualité est aussi un vecteur de connaissances et de transformation de nos sociétés. Il va sans dire, qu’elle est le meilleur gage pour un monde meilleur.
 
Cependant, des centaines des millions d’enfants de par le monde sont aujourd’hui privés de la possibilité d’accéder à la scolarisation la plus basique. Les causes principales rendant inaccessible l’école à ces enfants sont, encore et toujours, le sous-développement, la pauvreté, les conflits ravageurs, l’obscurantisme, etc.
 
Malgré une crise économique et financière aiguë, réduisant drastiquement nos investissements dans les secteurs vitaux, le Tchad continue d’accorder une attention particulière à l’éducation en y consacrant chaque année 15 à 16% de son budget. Au cours de ces dix dernières années, les effectifs des élèves ont décuplé. Nous envisageons augmenter ce taux dans le budget à 20% dans les années à venir.
 
Face à l’étendue des besoins dans le domaine de l’éducation, les défis à relever sont immenses, et les ressources disponibles sont insuffisantes.
 

D’où l’impérieuse nécessité d’une mobilisation constante pour agir ensemble, dans un élan de solidarité et de complémentarité, afin d’accompagner les efforts des pays les moins nantis visant à donner la chance à tous les enfants du monde d’accéder à une éducation de qualité.

Excellences ;
Mesdames, Messieurs,

Depuis bientôt une décennie, l’Afrique est en proie à une montée grandissante du terrorisme. Le Sahel et son voisinage immédiat,  subissent de plein fouet les ravages de ce mal du siècle qui endeuillent au quotidien nos populations, et compromettent dangereusement tous nos efforts de développement.
 
Dans la limite de nos moyens, nous nous sommes fortement mobilisés, tant dans le cadre de la Force multinationale mixte des pays du bassin du Lac Tchad, que dans celui de la force conjointe du G5 Sahel pour faire face à la menace existentielle que constitue le  terrorisme.
 
Dans cette lutte contre un ennemi aveugle et souvent invisible, développant une résilience insoupçonnable, les sacrifices énormes consentis n’ont pas permis de vaincre le mal. Les États affectés du Sahel consacrent entre 18 à 32% de leur budget à cet effort sécuritaire de plus en en plus intenable.
 
Cet élan de mobilisation permanente de ces États, depuis quelques années, contre le terrorisme, ne saurait laisser indifférente la communauté internationale dont le soutien est vital pour gagner ce combat.
 
Dans cette optique, je réitère, du haut de cette tribune, l’appel des États membres du G-5 Sahel adressé aux membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies, leur demandant d’assurer un financement pérenne à la force du G-5 Sahel sur le budget ordinaire des Nations Unies en vertu d’un mandat sous chapitre VII de la Charte de l’ONU.
 
Par ailleurs, dans l’optique de la mutualisation en cours des efforts des forces du G-5 Sahel, de la Commission du bassin du Lac-Tchad et des États de la CEDEAO, nous soulignons la nécessité d’une coordination plus poussée et plus adaptée des actions de tous les acteurs présents au Sahel, y compris les forces internationales comme la MINUSMA et BARKHANE, dans le respect de la vocation de chaque entité. Le Tchad est disposé à apporter sa modeste contribution à cette articulation pour mener une lutte plus efficace contre le terrorisme.
 
Excellences ;
 

Mesdames, Messieurs,

Je ne peux parler du terrorisme et de l’insécurité au Sahel, sans évoquer la crise libyenne dont les conséquences sur cette région sont incalculables.

En dépit des initiatives louables de la communauté internationale visant à mettre un terme à cette grave crise, qui n’a que trop duré, la situation demeure toujours hautement préoccupante, et ne cesse de prendre des tournures dramatiques.
 
Les efforts entrepris pour aider les frères libyens à retrouver la paix sont compromis par les confrontations armées inter-libyennes, aggravés d’ingérences extérieures multiples et multiformes.
 
Le règlement de la crise passera par la prise de conscience individuelle et collective des frères libyens eux-mêmes. Ils doivent comprendre qu’ils sont les premiers maîtres et artisans de leur destin, et que la violence n’est pas une option de sortie de crise. Dans cette guerre il n’y aura ni vainqueur, ni vaincu, mais un seul perdant, c’est le peuple libyen.
 
Nous devons tous œuvrer dans la perspective d’un dialogue global et inclusif rassemblant tous les protagonistes de la crise. Dans cette perspective, nous appelons toutes les parties armées, y compris les chefs des tribus et communautés, à un dialogue national, prélude à la tenue des élections crédibles.
 
Nous sommes toujours disposé, comme par le passé, à soutenir les efforts des Nations Unies et de l’Union Africaine pour que la paix et la stabilité reviennent dans ce pays. Le retour de la paix et de la stabilité en Libye conditionne le retour de la paix et de la stabilité dans les pays voisins et dans tout le Sahel dans une large mesure.
 
Dans cette optique, le Tchad plaide en faveur d’une forte implication de l’Union Africaine aux côtés des Nations Unies dans la recherche d’une solution durable à travers une synergie d’efforts. Quoi qu’on en dise, la Libye a été et reste un pays africain.
 
Excellences ;
 
Mesdames, Messieurs,
 
La question de la réforme de l’ONU, notamment du Conseil de sécurité, que l’Afrique appelle de tous ses vœux à toutes les sessions de l’Assemblée générale des Nations Unies, mérite toute l’attention requise. Cette revendication légitime ne saurait se diluer dans des négociations interminables engagées depuis des années sans qu’aucun progrès ne soit enregistré.
 
L’Afrique ne demande pas autre chose que la réparation d’un flagrant préjudice  causé à tout un continent qui compte plus d’un milliard d’âmes, privé injustement de sa place légitime dans le système des Nations Unies.
 
Je réaffirme l’attachement du Tchad à la position commune africaine  sur la réforme du Conseil de Sécurité telle qu’exprimée dans le consensus d’EZULWINI, et en appelle au sens de justice et de solidarité de toutes les nations pour accélérer cette réforme tant souhaitée et attendue.
 
Excellences ;
 

Mesdames, Messieurs,

Pour conclure, je voudrais exprimer la solidarité et la sympathie du Tchad avec tous les pays traversant des situations difficiles à cause des crises, conflits ou catastrophes naturelles
 
A cet égard, le Tchad salue l’élan de dialogue et de réconciliation, amorcé, en République Centrafricaine, au Soudan et au Soudan du Sud, et exhorte toutes les parties prenantes concernées à œuvrer davantage pour une paix durable dans ces pays frères respectifs.
 
Aussi, le Tchad réaffirme-t-il sa position de principe concernant le conflit Israélo-arabe, en appelant toutes les parties à la solution de deux États, d’Israël et de Palestine, vivant côte-à-côte, dans la paix, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité de l’ONU et à l’Initiative  arabe de paix de 2002.
 
Et enfin, le Tchad réitère son appel en faveur de la levée de l’embargo imposé injustement à Cuba, qui porte gravement préjudice au peuple de ce pays.
 
C’est parce que nous sommes attachés aux principes fondateurs de l’ONU, et croyons à ses idéaux de paix, de justice, d’égalité souveraine entre les États et de prospérité pour tous, que nous venons chaque année à ce grand rassemblement qu’est l’Assemblée Générale.
 
Faisons en sorte que le comportement de chacun des États membres soit conforme aux règles que nous nous sommes données pour que la paix, la justice et la solidarité triomphent dans le monde.
 
Je vous remercie de votre bien aimable attention.

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